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Pourquoi le livret A reste un placement populaire malgré la baisse des taux

Pourquoi le livret A reste un placement populaire malgré la baisse des taux

Pourquoi le livret A reste un placement populaire malgré la baisse des taux

Un classique de l’épargne française : toujours debout

Le livret A, ce bon vieux livret que l’on ouvre souvent à la naissance ou à l’adolescence, a beau subir une érosion de son rendement, il reste l’un des placements préférés des Français. En 2023, malgré la conjoncture économique fluctuante et les tentations de placements plus rémunérateurs, plus de 55 millions de livrets A étaient encore ouverts. Cela pose une question simple : pourquoi un produit d’épargne aussi modeste en termes de performance séduit-il toujours autant ?

Dans cet article, je vous propose de décortiquer les raisons de cette fidélité intergénérationnelle, en mettant en lumière les avantages tangibles (et parfois psychologiques) du livret A, même en période de taux faibles. Et vous verrez que ce n’est pas uniquement une affaire de rendement.

Une sécurité à toute épreuve

Le premier mot qui vient à l’esprit lorsqu’on parle du livret A, c’est « sécurité ». Et pour cause : l’épargne déposée est garantie par l’État. Autrement dit, même en cas de crise bancaire, les fonds sont protégés à hauteur de 100 % (dans la limite de 22 950 € de plafond hors intérêts). Aucun autre placement ne propose un tel niveau de sécurité avec une liquidité aussi immédiate.

Certes, le rendement du livret A (3 % net à l’heure où je rédige ces lignes, bien qu’il ait déjà été beaucoup plus bas) n’en fait pas un champion de la performance. Mais pour beaucoup d’épargnants, la tranquillité d’esprit prime sur la rentabilité. Dans un climat économique incertain, la sécurité devient un argument de poids.

Une disponibilité immédiate des fonds

Vous pouvez retirer de l’argent de votre livret A à tout moment, sans préavis, sans frais, et surtout sans perdre les intérêts déjà gagnés. C’est un point essentiel comparé à de nombreux autres placements comme les assurances-vie, les PER ou même certaines SCPI où la liquidité peut poser problème.

Dans un monde où l’imprévu semble devenu la norme – inflation, hausse soudaine des prix de l’énergie, réparations imprévues – avoir un bas de laine disponible instantanément est plus rassurant que jamais. Et c’est souvent pour cette raison que nombre de familles françaises y déposent une partie de leur épargne de précaution.

Fiscalité ultra-favorable

Voici un point qui fait toute la différence, mais que beaucoup oublient : les intérêts du livret A sont exonérés d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux. Ce qui est affiché, c’est ce que vous recevez réellement. Pour rappel, les autres placements comme les comptes à terme ou les livrets bancaires classiques sont soumis à la flat tax de 30 %.

Autrement dit, un taux brut de 3 % sur le livret A est en réalité équivalent à environ 4,3 % brut sur un produit fiscalisé. Vu sous cet angle, le livret A retrouve de l’intérêt même face à des placements mieux rémunérés sur le papier.

Un outil d’éducation financière (et affective)

Le livret A, c’est souvent le premier contact des Français avec l’épargne. On l’ouvre pour les enfants, on y dépose un billet à Noël, un chèque reçu pour un anniversaire. Il devient ainsi un objet presque affectif, symbolique. Il n’est pas rare de croiser des adultes qui conservent leur livret A ouvert à l’adolescence, avec leur premier salaire ou l’argent économisé pour un scooter…

Par ailleurs, il constitue un outil pédagogique puissant. Apprendre à épargner régulièrement, consulter ses relevés de manière autonome, comprendre les notions d’intérêts et de capitalisation : tout cela se fait souvent via ce petit livret discret mais formateur.

Un produit simple, compréhensible par tous

Le jargon financier peut effrayer. Entre les unités de compte, les arbitrages de portefeuille, la duration des obligations ou les stratégies d’allocation, il y a de quoi perdre un débutant. Le livret A, lui, ne demande pas de mode d’emploi complexe. Il n’y a pas de frais, pas de risques de perte en capital, et pas de condition de versement ou de rachat compliqué.

Cette lisibilité attire un large public : jeunes, seniors, étudiants, retraités, salariés modestes ou cadres supérieurs. Le livret A traverse les catégories sociales et s’impose comme un outil universel d’épargne de court terme.

Une progression constante des encours

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : malgré les critiques sur son faible rendement, le livret A ne cesse de collecter. En 2023, plus de 40 milliards d’euros ont été déposés net sur les livrets A des Français. Ces chiffres traduisent une réalité : face à la volatilité des marchés financiers ou à la prudence vis-à-vis de l’immobilier, beaucoup choisissent la simplicité et la sécurité.

Le regain d’intérêt pour l’épargne de précaution, notamment depuis la pandémie de Covid-19, a renforcé cette tendance. Et même si l’inflation diminue lentement, la peur de mauvaises surprises reste vive.

Une bonne première marche avant d’investir

Vous envisagez d’investir en bourse ou dans l’immobilier ? Très bien. Mais avez-vous constitué votre fonds d’urgence ? C’est là que le livret A entre en scène. Il peut servir de point de départ stratégique dans la construction de votre profil financier.

L’idée n’est pas de tout y laisser, mais d’y placer entre 3 et 6 mois de dépenses courantes, soit un matelas de sécurité, avant de se lancer dans des placements plus dynamiques. Vous partez en toute sérénité, sachant qu’en cas de coup dur, vous avez une réserve immédiatement disponible.

À qui s’adresse réellement le livret A aujourd’hui ?

Le livret A reste particulièrement pertinent dans les cas suivants :

Quelques astuces pour en tirer le meilleur parti

Et demain, que deviendra le livret A ?

Il est peu probable que le livret A redevienne un jour un placement de rendement. Sa vocation première reste la sécurité et le financement du logement social et de l’économie sociale. Cependant, son rôle dans l’écosystème financier français est tel qu’il continuera d’exister, sous une forme ou une autre.

Son taux pourrait être ajusté plus régulièrement à l’avenir pour mieux refléter les grandes tendances économiques, notamment l’inflation. À ce titre, il faut suivre de près les annonces de la Banque de France et les décisions du gouvernement. Mais quoi qu’il arrive, sa simplicité, sa liquidité et son immunité fiscale en font toujours une base solide pour gérer sereinement son épargne.

En somme, le livret A n’est pas mort… bien au contraire. Il est simplement en train de redevenir ce qu’il a toujours été : un refuge, un outil de transition, un point de départ. Et à l’heure où tout va (trop) vite, il fait partie des rares certitudes encore debout. Ce n’est peut-être pas le plus brillant, mais il est, sans aucun doute, le plus constant.

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