Le succès du Livret A et du LDD en octobre

Après l’entrée en vigueur des nouveaux plafonds des livrets défiscalisés, alors même que leur rémunération n’est pas revalorisée, les épargnants ont massivement déposé leurs économies sur ces comptes. Pour le mois d’octobre 2012, la collecte nette atteint 21,29 milliards d’euros sur le Livret A et le Livret de développement durable. Un record pour une période généralement en sommeil.

L’aubaine de l’augmentation des plafonds d’épargne

Depuis le 1er octobre 2012, le montant du plafond du Livret de développement durable (LDD) s’établit à 12 000 euros, le double du plafond antérieur, et celui du Livret A, nouvellement fixé à 19 125 euros, a suivi une progression de 25%. Fondé par le rapport Duquesne, l’actuel ministre de l’Économie doublera bien le plafond du Livret A, mais par touches successives, un prochain relèvement étant attendu début 2013. Les conséquences des premiers relèvements seront analysées fin 2014 avant de poursuivre l’élévation du plafond des dépôts sur le Livret A.

Résultat, fin octobre 2012, le Livret A enregistrait une collecte nette (différence entre les dépôts et les retraits) de 7,35 milliards d’euros et le LDD gagnait un supplément de 13,94 milliards d’euros. L’encours global sur ces livrets est porté à 325,5 milliards d’euros.

Ces chiffres sont remarquables, les mois d’octobre atteignant rarement de tels sommets de collecte (pas plus de 390 millions d’euros en 2011, et plutôt une décollecte de -380 millions en 2010). En un seul mois, l’encours du LDD s’est accru de 20%. Il est vrai que sur les 25 millions de LDD, 6,6 millions étaient déjà au plafond.

L’épargne attirée sur l’investissement public

Les fonds collectés sur les Livrets A et LDD reviennent pour 65% à la Caisse des dépôts et au Fonds d’épargne. Une partie de cette somme est affectée au financement du logement social. Comme ces organismes participeront à la prochaine Banque publique d’investissement (BPI), ils recevront les demandes de financement des collectivités et de PME. Pour 2012, le volume de leur financement s’élève à plus de 25 milliards d’euros et, d’après les estimations du Fonds d’épargne, les nouveaux besoins de fonds sont envisagés à hauteur de 40 milliards d’euros sur 5 ans.

La nouvelle attractivité de l’épargne réglementée sème le trouble dans le secteur bancaire. Tandis que Bâle III impose aux banques des normes drastiques de réserve de fonds propres, celles-ci voient le gouvernement privilégier une source d’épargne dont elles doivent céder plus de la moitié à la Caisse des dépôts. En conséquence, les banques soulignent que leur capacité de prêt aux entreprises est réduite.

De plus, les taux de rémunération des livrets réglementés étant sensiblement proches de ceux de l’assurance vie, les banques peinent à freiner la décollecte sur ces produits de placement déjà fragilisés par l’arrivée à échéance de beaucoup de contrats et la crise de l’euro. Dénonceraient-elles un cas de concurrence déloyale ?

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